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Valorisation des déchets

Présente toi et ton projet :

Je m’appelle Harmonie Begon, après avoir fait 5 ans à la HEAR, je suis devenue designeure. Je me suis spécialisée très tôt dans mes études dans la production artisanale et dans le patrimoine. Pourquoi avoir choisi cette spécialisation ? Parce que je considère l’artisanat comme un choix de société, je me spécialise là-dedans pour les valeurs écologiques, sociales, et morales que véhiculent ce mode de production d’objets. J’ai commencé à me dire “ mais en fait l’artisanat ce n’est pas que le vieux du village“, c’est aussi potentiellement des personnes qui peuvent, par des pratiques artisanales, passer un bon moment.  Je me suis ensuite intéressée aux chantiers d’insertion, souvent le travail qui est demandé n’est pas forcément très valorisant dans la tâche à faire comme trier des déchets, porter des charges lourdes… Ce ne sont pas des occupations qui donnent confiance en ses compétences. Mon idée première est de proposer d’autres possibilités, plus valorisantes, c’est comme ça que j’ai décidé de me concentrer sur l’idée de valoriser les déchets céramiques d’Emmaüs. Mon projet est un mélange de deux idées, d’une part, valoriser des déchets céramiques au sein d’Emmaüs Mundo et d’autre part, se poser la question de comment les valoriser ? Et j’y ai répondu en faisant d’une pierre deux coups : en valorisant les personnes au sein de la structure.

Quand tu étais enfant, tu rêvais de devenir quoi ?

Cette question me rappelle le concours de  l’ENSCI, je l’ai passé deux fois et on m’a posé à deux reprises la même question :  si tu avais un budget illimité, quel est le projet que tu ferais? Et à chaque fois j’ai répondu : “un restaurant”, je suppose que cela explique en partie pourquoi je n’ai pas été prise ! Quand j’étais petite je voulais être chanteuse. Mais après je sais que j’ai eu des passions j’adorais faire du bricolage, j’ai expérimenté tout ce qui touchait aux loisirs créatifs, je savais que j’aimais ça mais je ne connaissais pas les métiers ou les mots à mettre sur ces passions. La question qui subsistait était “ mais c’est quoi les métiers ? “ et aujourd’hui, après 5 ans d’étude, en sortant d’une école d’art, la question reste la même. C’est un flou qui est présent, j’ai du mal à définir mon métier. Le mot designer englobe beaucoup de choses donc je l’utilise mais ça ne correspond pas à 100% à ma pratique c’est pourquoi je combine ce mot à mes spécialisations, je suis donc une designeure spécialisée dans l’artisanat et le patrimoine.                  

Quelle est l’idée la plus folle/décalée que tu as mis en place dans ton projet ?

Le projet en lui-même car il est né de simples échanges avec deux personnes, on s’est vu 6 à 7 fois en rendez-vous et le projet s’est créé. Il découle d’une idée qui elle-même venait d’une consigne : imagine tes clients idéaux, et ce genre d’exercice, je n’apprécie pas particulièrement. Et puis une de mes camarades de formation m’a dit “ mais il ne faut pas le voir comme une partie d’un business modèle mais plutôt comme si on te demandais avec qui tu rêves de travailler “ et c’est là que je me suis dit que la structure Emmaüs serait parfaite comme partenaire. Pourquoi ? Parce que c’est un modèle qui peut prétendre à être en compétition avec la grande distribution. Par contre, une fois que ton projet existe, la réalité du terrain te calme quant à l’envie de faire d’autres folies, tu essayes déjà de mener ta barque correctement.

Et ça a marché ?

Oui et non. Oui car je travaille chez Emmaüs, j’ai mon bureau ici, seulement depuis deux semaines mais avant je travaillais un peu partout dans l’association, tout le monde sait pourquoi je suis là. Tous ces échanges ça ne peut pas se quantifier sur une feuille mais c’est central dans la réussite d’un projet. C’est un projet qui prend beaucoup de temps, l’humain est central et fait partie du processus. Il faut être en mesure d’embarquer les gens tout le temps, s’il y a qu’une seule personne qui freine, ça freine tout le projet. Certaines réussites se trouvent simplement dans des moments d’échanges qui débloquent des situations. Tous ces facteurs nous permettent de dire qu’intégrer le design dans la structure Emmaüs c’est possible, peut être pas aujourd’hui, peut être pas demain parce qu’il faut probablement imaginer d’autres espaces dédiés à ça, mais en tout cas le schéma est possible. Pour résumer, oui ça a marché car le modèle est possible, mais non car il ne l’est peut-être pas ici et maintenant.

Ton erreur de débutante ?

Clairement, être naïve.  Penser que tout allait se passer comme j’avais rêvé/imaginé. Je pensais qu’on allait vraiment créer un atelier d’un coup, avec des boîtes en plastique pour tout bien ranger sur de belles étagères. Mais aussi et surtout, j’ai vraiment pensé qu’on allait sauver toute la vaisselle qui est jetée. Même si l’atelier se mettait en place parfaitement ça resterait un pourcentage assez faible de vaisselle “sauvée”. C’est du détail mais cela permet de sensibiliser les gens au nombre de déchets, le but n’est pas que de produire de l’objet, il y a aussi un but humain derrière.

La consécration dont tu es la plus fière ?

Avoir réussi à avoir un bureau, personne ne pourra vraiment se rendre compte  de ce que ça a été pour l’avoir. Pour avoir cet espace ça a été 6 mois de travail, de présentation, de discussions, donc cet espace est une réussite.

Un conseil pour ceux qui veulent se lancer ?

Se lancer tout simplement, et commencer. Mon second conseil, ce serait de faire des bilans assez souvent. Je me prête à l’exercice à la fin d’un projet, une sorte de point où je réfléchis à ce qui m’a plu ou pas. Ça m’a permis de comprendre que tout est transformable et que c’est à toi de transformer l’essai. Il faut se lancer en gardant à l’esprit que le projet va probablement changer au fur et à mesure pour s’adapter au terrain. Il faut garder l’esprit ouvert.

Retranscription à partir de l’entretien orale